Les comptes courants d’associés posent un problème spécifique : faut-il ou non les intégrer ?

Les comptes courants d’associés posent un problème spécifique : faut-il ou non les intégrer ?

Les comptes courants d’associés ou CCA représentent un mode de financement trop important dans beaucoup d’entreprises (surtout PME). L’étude d’un projet de création serait impossible sans les connaître. Nombre de conseillers en gestion ont l’habitude de recommander aux associés une répartition de leur mise de fonds en un minimum de capital social et le solde en CCA.

La manière d’intégrer ces CCA est cependant variable selon la conception qu’a la société ou l’analyste : considérée comme prêts à LMT ou affectés en trésorerie. Ainsi, la nature de ces CCA est complexe. Ils sont propres aux associés, mais pas à l’entreprise. Ils sont de nature ressources permanentes s’ils sont bloqués. Enfin, ils peuvent, si la liquidité de l’entreprise le permet, faire l’objet de nombreux apports et retraits au cours d’un exercice. Cette variabilité de leur nature financière est la source du problème et des querelles d’écoles.

Si le montant de ces CCA est faible, donc sans importance stratégique pour l’équilibre financier, il n’est pas utile d’alourdir de leur présence le plan de financement. Ils sont donc ignorés à tous les stades de l’analyse : choix d’un niveau de risque de trésorerie, du fonds de roulement nécessaire et élaboration du plan de financement.

Dans l’analyse du passé où l’exigence de tableaux bien précis interdit la moindre élimination, ils trouveront place dans le BFE hors exploitation sans que le diagnostic ait à en souffrir vu leur montant. Si le montant est élevé, les CCA prennent une dimension stratégique dans les plans financiers. Une différence est alors à introduire selon que le responsable financier est informé ou non de leur devenir.

Dans le cas où ces CCA sont importants mais que les associés se refusent ou sont dans l’incapacité d’indiquer au dirigeant leurs intentions quant à ces comptes, le responsable ne peut s’appuyer sur cette ressource.

Il doit, par contre, prévoir la possibilité de retrait de ces sommes par les associés qui peuvent avoir à faire face à satisfaire à d’importantes dépenses domestiques, à saisir d’autres opportunités, etc. Il faut donc faire le choix du niveau de risque de trésorerie, comme si l’entreprise ne disposait pas de ces fonds afin de pouvoir faire face instantanément à un retrait.

Le fonds de roulement nécessaire est alors déterminé en conséquence pour l’élaboration du plan de financement dans lequel les variations de ces CCA n’apparaîtront pas, puisque non prévisibles. Si cette politique n’est pas spontanément mise en œuvre par l’entreprise, les organismes prêteurs se chargeront d’imposer le correctif.

En effet, ils percevront que le choix du niveau de fonds de roulement est tel que le maintien des CCA est nécessaire à l’équilibre financier de l’entreprise. Dès lors, ils mettront comme condition à l’octroi d’un prêt à LMT le blocage des CCA pour la durée du prêt, ce qui règlera le problème de l’incertitude quant à leur devenir.

Dans le cas où ces CCA sont importants et leur évolution prévisible, il est nécessaire et possible de les prendre en compte dans la stratégie financière. Pour que celle-ci apparaisse clairement et totalement dans le plan de financement, il faut y intégrer les apports ou les retraits de CCA. L’entreprise et ses partenaires financiers auront une vue complète et franche du plan financier.

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La Presse de Maximilien